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La question Lumper/Splitter
Partie 1/3

Imaginons un jeu de 52 cartes. On le remet à une personne en lui demandant de « réunir en tas les objets qui vont ensemble ». Si la personne accepte de jouer le jeu, on pourra voir différentes manières de répondre à la consigne – à commencer par deux extrêmes :

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  • La personne constitue un unique tas, car tous les objets sont des cartes

  • La personne constitue 52 tas car toutes les cartes sont différentes entre elles.

 

La première approche, qui revient à ignorer les différences, nous l’appellerons l’approche ‘Lumper radical’. La seconde, qui revient à ignorer les points communs, nous l’appellerons ‘Splitter radical’.

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Entre ces deux extrêmes, on pourra trouver une multitude de réponses mixtes, comme par exemple partager les cartes en deux ou quatre tas de couleur, ou les répartir en 13 tas par valeur, ou mettre les têtes dans un tas et les autres cartes dans un autre, ou une combinaison de règles, et la liste ne s’arrête bien sûr pas là.

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Ce jeu ressemble un peu à la question de l’échantillon représentatif, qui se pose dans les sondages. Pour former ce sous-groupe, on commence par découper notre population en catégories, en « tas », puis on estime la proportion de chaque catégorie au sein de la population, et on s’efforce de reproduire ces proportions à l’intérieur de notre échantillon. Et ici aussi se pose la question : quels critères utiliser pour catégoriser ?

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Le fait de transposer la question Lumper/Splitter dans le champ des sciences, humaines en l’occurrence, y ajoute implicitement une nouvelle dimension : la consigne devient ainsi plutôt de « réunir les objets qui vont ensemble d’une manière qui permet et facilite la production de connaissances ».

 

Notons que la question spécifique de l’échantillon représentatif de sondage se différencie des catégorisations taxonomiques qu’on trouve en sciences naturelles, en cela qu’une population d’humains y sera catégorisée en suivant plusieurs critères qui ne sont pas contenus les uns dans les autres. Ainsi, un individu sondé appartiendra par exemple simultanément à un groupe d’âge, un groupe de genre, et une catégorie professionnelle. Les catégories découpées le long de chaque direction présenteront alors potentiellement une multitude d’intersections avec celles des autres directions. A l’inverse, dans les catégorisations des sciences naturelles, un être vivant ne peut pas appartenir à deux groupes situés au même niveau conceptuel : s’il est possible d’être à la fois classifié [chat] et [félidé], il est en revanche impossible d’être à la fois [félidé] et [canidé].

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Notre question concernant le paquet de cartes semble s’apparenter davantage à une situation de catégorisation de type ‘sciences humaines’. En effet, chaque carte peut appartenir simultanément à un groupe de couleur(s) et un groupe de valeur(s), et aucun de ces deux axes de classification ne semble épuiser à lui seul l’entièreté de la 'nature' d’une carte.

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(à suivre…)

Posté le 27/10/2021

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