Outils Quanti
Partie 1/?
Dans la prochaine série d’articles, je vais tenter d’apporter quelques arguments en faveur de l’assertion suivante : Ce qui peut se raconter avec des qualifiants peut souvent se raconter avec des quantifiants.
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De l’impossibilité
"PRENDS L’UNIVERS, REDUIS-LE EN POUDRE TRES FINE, PASSE CETTE POUDRE AU TAMIS LE PLUS SERRE ET ENSUITE MONTRE-MOI UN SEUL ATOME DE JUSTICE, UNE SEULE MOLECULE DE PITIE"
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Dans cette citation issue du Père Porcher de Terry Pratchett, le personnage de la Mort semble dire que certaines choses échappent à ce que les modèles des sciences physiques peuvent appréhender. On peut utiliser des mots pour désigner, pour qualifier la justice ou la pitié, mais on serait bien en peine d’utiliser une approche réductionniste pour les quantifier. Cela semble, à première vue, une tâche impossible. Mais de quelle sorte d’impossibilité s’agit-il ici ?
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Si on me tend une craie, qu’on m’indique un tableau noir, et qu’on m’ordonne « Traces-y un cercle parfait », on me demande quelque chose d’impossible. Un cercle parfait est un objet infiniment fin et précis, et ni l’outil ‘craie’, ni le support ‘tableau’, ni mes yeux, ni ma dextérité ne permettent d’atteindre cette perfection : il s’agit d’une impossibilité technique.
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En revanche, si on m’avait ordonné d’y tracer un cercle carré, au lieu d’un cercle parfait, il s’agirait alors d’une impossibilité supérieure, puisqu’aucun entrainement, aucun travail sur mes outils ou mes perceptions ne m’approchera même un peu du tracé d’un cercle carré : c’est une impossibilité logique.
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Mon premier argument est donc le suivant : en se passionnant pour des objets comme la pitié ou la justice, on peut découvrir et saisir des choses qui rendraient moins maladroites des tentatives de les raconter avec des quantités. Peut-être nécessairement imparfaites, mais moins imparfaites.
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(à suivre)
Posté le 01/12/2021